Ce chef, originaire du Moule, a travaillé dans des hôtels prestigieux du monde entier. Depuis quelques mois, il officie au St Régis de Washington, à deux pas de la résidence du président américain.
A la réception de l’hôtel St Régis, sous des chandeliers imposants et au milieu de profonds fauteuils tendus de velours rouge, demandez « chef Thierry » ou « Frenchie » et on vous conduira directement dans les cuisines où une petite équipe prépare les desserts à l’assiette servis dans le restaurant de cet hôtel de luxe classé « four diamonds ». A leur tête, un jeune chef pâtissier qui s’amuse de ses tempes grisonnantes. Thierry Delourneaux est né au Moule et a voyagé dans le monde entier avant d’atterrir il y a quatre mois dans la capitale fédérale américaine. Sans jamais oublier ses racines antillaises.
De la Guadeloupe aux Etats-Unis en passant par l’Asie
A 19 ans, après son CAP passé à Pointe-à-Pitre, Thierry Delourneaux s’est d’abord envolé direction l’hexagone pour y poursuivre ses études culinaires et passer une maîtrise à Paris. Une formation d’excellence qui a beaucoup compté dans sa carrière mais la destination, elle, était un choix par défaut. « Depuis tout petit, j’ai toujours aimé l’anglais, je le disais à mes parents alors que je n’avais pas commencé à apprendre cette langue à l’école ! Ils se moquaient un peu de moi… et puis ensuite, ils ont eu peur de me voir partir aussi jeune et seul en Amérique du Nord », se souvient ce chef pâtissier qui mélange aujourd’hui les deux langues.
New-York, la Floride, la Virginie occidentale, Beverly Hills ou San Diego, Thierry Delourneaux en est désormais à sa dix-huitième année américaine. Une carrière entrecoupée d’expériences dans des hôtels et resorts du monde entier. A Singapour, il officiait pour deux hôtels, trois restaurants et 2 000 chambres au total. « Si vous allez voir le directeur du St Régis aujourd’hui, il vous dira de moi : ‘ce gars est un artiste mais c’est d’abord un businessman », reconnaît Thierry Delourneaux avant d’éclater de rire : « Je n’aime pas mon travail, j’adore mon travail ! »
Mais la pâtisserie est loin d’être la seule passion dévorante de ce fan de salsa, de tennis et… du groupe Kassav, capable d’embarquer sur un vol vers Paris pour le seul plaisir d’assister à un concert. « On meurt trop vite ! », philosophe-t-il. La Guadeloupe, Thierry Delourneaux y retourne au moins une fois par an pour voir sa famille. Mais pas forcément au moment des fêtes de fin d’année. Il préfère acheter un billet au dernier moment, « boum ! », et prendre ses quartiers dans la maison qu’il a fait construire là-bas. « Ma mère pensait que je reviendrais plus souvent mais ça reste une maison de vacances », s’amuse-t-il.
Des touches caribéennes dans sa cuisine
Dans ses créations pâtissières, ses clients peuvent malgré tout reconnaître un « petit twist antillais », qu’il s’agisse de la goyave ou du coco de son enfance. Il aime aussi les desserts avec une pointe d’alcool, façon planteur. « A travers tous mes voyages, je me dis souvent : ‘wouah, tu as un beau pays. Mais je ne pense pas que je pourrais m’y adapter dans mon travail aujourd’hui. J’ai tenté une expérience aux Bermudes… et j’ai tenu un mois, le défi n’était pas assez grand », reconnaît-il.

Avec Oprah Winfrey
A Washington, Thierry Delourneaux espère désormais se fixer, peut-être fonder une famille. Mais pour l’instant, il passe de longues heures dans les cuisines du St Régis. Une adresse éminemment prestigieuse puisque c’est bien la Maison-Blanche qu’on aperçoit au bout de la rue, juste avant d’entrer. « Ma mère qui s’inquiète toujours quand je cherche un nouveau travail me dit : ‘ton dernier poste sera à la Maison-Blanche !' », glisse-t-il. En attendant, il prépare déjà les douceurs qui seront servies lors des cocktails organisés le 20 janvier 2017, date d’entrée en fonction officielle du nouveau président Donald Trump. Des macarons à la lavande, à la vanille et à la framboise. Bleus, blancs et rouges, les couleurs du drapeau américain.
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