Leïla Drumeaux est gérante de The Doukoun Factory, artisan pâtissière, spécialisée en cake design et en pâtisserie fine. Elle a ouvert sa boutique My Little Patisserie en décembre 2017. Dans une vie antérieure, Leïla a passé 16 ans au contrôle de gestion d’une importante compagnie pétrolière aux Antilles-Guyane. Récit d’une reconversion professionnelle.
Se former pour vivre de sa passion
« Salariée, je travaillais derrière un écran, en tailleur et talons. Maintenant, je suis en jean, baskets et je porte des sacs de 25 kilos de farine », rigole Leïla Drumeaux. Cette nouvelle vie, elle l’a choisie et l’embrasse avec plaisir depuis bientôt trois ans. En 2014, en quittant l’entreprise dans laquelle elle était salariée, Leïla choisit en effet de se former dans un domaine qui la passionne depuis longtemps : la pâtisserie.
Elle se met alors en quête d’une école. Parmi celles proposées, elle s’arrête sur le centre de formation d’Alain Ducasse à Paris. « J’ai d’abord cherché les meilleurs cursus. Ensuite, j’ai choisi ce qui me semblait correspondre à mes besoins ». Pendant neuf semaines, elle suit le programme intensif « L’essentiel des arts culinaires » destiné à ceux qui portent un projet d’entreprise. Cette formation a été déterminante. « A Ducasse, je me suis sentie portée, c’est assez impressionnant ! Vous êtes dans un cocon. Vous rencontrez des chefs passionnés par leur métier. Quand vous êtes dans un tel environnement, vous avez envie de bien faire, de faire de votre mieux et plus encore, raconte-elle, enthousiaste. Elle y apprend l’importance de la saisonnalité dans le choix des produits et la lecture de la composition de l’assiette. La jeune femme profite aussi de sa présence à Paris pour multiplier les cycles courts en cake design et création de fleurs en sucre.
Mettre les saveurs locales au goût du jour
Quand vous obtenez un CAP de Pâtisserie à 40 ans, c’est que quelque part, vous avez raté votre vie.
De retour en Guadeloupe, Leïla rejoint la douzaine d’élèves du CAP Pâtisserie au Lycée Hôtelier du Gosier. Son parcours intrigue. « Mon choix de reconversion peut surprendre mais j’ai toujours été quelqu’un de très manuel. Je bricole, je couds, je fais des bijoux. » Elle obtient son diplôme et peut commencer à exercer. « Je ne savais pas sous quelle forme ni comment, mais l’envie de créer mon entreprise me titillait Mon idée était plutôt de proposer une offre différente, qui mette l’accent sur les produits d’ici ».
Exit les fraises ou les framboises, les gâteaux et desserts de The Doukoun Factory ont le goût du terroir. Leïla Drumeaux travaille pour les particuliers et pour les professionnels comme les restaurateurs. Toutes les occasions sont bonnes : anniversaires, mariages, célébrations ou plaisir de la dégustation. Avec le cake design, les convives savourent une réalisation personnalisée. Dans sa boutique située aux Galeries de Houelbourg, ouverte tous les vendredis et samedis, desserts, mousses et entremets côtoient cupcakes, tartelettes et gâteaux au coco. Le pain au beurre-chocolat rappelle discrètement son amour pour la Martinique.
Je travaillais du lundi au lundi, c’était intenable.
Trouver l’équilibre
Les dernières années n’ont pas été de tout repos pour l’entrepreneure. Au départ, elle travaillait 7 jours sur 7. Pas question en effet de ne pas assurer une commande ou de ne pas satisfaire un client. « Je me suis d’abord accordée un jour de repos par semaine et j’effectuais la gestion administrative essentiellement la nuit. » Mais le rythme n’était pas non plus tenable. Aujourd’hui, The Doukoun Factory prend des commandes du mardi au samedi. Leïla a aussi recruté une pâtissière et une apprentie : « J’essaie de me donner des limites. Dans mon ancienne vie, j’avais beaucoup de loisirs qui ont été réduits à une peau de chagrin. Je suis en train de me réorganiser pour les réintégrer ». Elle ne le cache pas, le quotidien est parfois frustrant entre les lourdeurs administratives et la gestion des plannings de travail, mais « la réelle satisfaction est de voir le sourire sur le visage de mes clients lorsqu’ils découvrent leur gâteau en Cake Design réalisé. C’est cette recherche du gâteau personnalisé pour chacun avec tous ses décors, sans oublier le goût, qui me réconcilie avec ma passion, même si ces tâches sont très chronophages. Et je dois aussi prendre en compte ma famille ». Quant à l’avenir ? Une question de flexibilité. « Ce que l’on voudrait faire, la réalité du marché et ce que les clients attendent sont trois choses différentes. J’évolue en fonction de ces trois éléments ».