Une menace plane désormais sur un des piliers du commerce et de l’alimentation aux Antilles : les vendeuses de sinobols. Pour ceux qui ne connaîtraient pas les sinobols (à l’origine, snow balls), il s’agit de desserts à base de glace pilée arrosée de sirops (menthe, grenadine, orgeat sont les plus communs), servis dans des timbales en plastique et que l’on sirote avec une paille en Martinique et en Guadeloupe. Or, face à l’omniprésence du plastique dans vos vies quotidiennes, le mouvement anti-pailles se développe. Les marchandes de sinobols et les amateurs vont-ils survivre à cette vague ?
Indice : je ne ne peux jurer de rien, mais je ne pense pas que les sinobols disparaîtront. Cependant, avec ce titre accrocheur, j’ai souhaité attirer votre attention et prendre ainsi part à la sensibilisation autour du sujet des pailles en plastique. Auriez-vous cliqué avec un autre titre ? Hmmm. Je suis convaincue que les Antilles, et en particulier les professionnels du tourisme, pourraient tirer des avantages clairs de la suppression des pailles en plastique.
Pourquoi attendre une interdiction officielle quand on peut agir par nous-mêmes ?
Il a fallu interdire les sacs en plastique à usage unique en 2016 pour que la mesure soit massivement généralisée dans les commerces. La Commission européenne a proposé, lundi 28 mai, une série de mesures visant à bannir les produits plastiques à usage unique pour réduire les déchets marins. Dix produits en plastique à usage unique sont particulièrement concernés : les bâtonnets de coton-tige, les couverts, les assiettes ou les pailles, mais aussi sur les engins de pêche qui, collectivement, représentent 70 % des déchets marins en Europe. Ces propositions vont être transmises au Parlement européen et au Conseil pour adoption. En France, le gouvernement s’est prononcé en faveur de l’interdiction.
Mais en France ou ailleurs, des acteurs n’ont pas attendu la législation pour supprimer les pailles. Qu’en est-il aux Antilles ? Certains acteurs mènent sûrement déjà une démarche similaire ou ne vont pas tarder à le faire. Super !
Le risque sur nos atouts touristiques est réel
Le tourisme aux Antilles est fortement dépendant de l’environnement naturel. La beauté de nos sites, des plages, des espaces fait partie des critères de choix pour les touristes. Les pailles, comme d’autres objets en plastique, salissent les océans.
En outre, nous nous réjouissons tous à la vue des tortues qui viennent pondre sur nos plages. Mis à part pour quelques individus qui continuent à vouloir monter sur les animaux, voler leurs oeufs, s’approcher pour prendre des photos, convenons que ces naissances sont magiques. Ces images sont d’ailleurs devenues des arguments touristiques. Mais les pailles en plastique constituent un risque pour les tortues et plus de 700 espèces aquatiques. On estime en effet que le plastique prend 20 ans avant d’être dégradé dans les océans. Ce n’est pas un scoop mais on peut toujours agir !
Faire parler de nous en bien
Saint-Domingue est submergée par des vagues de déchets plastiques
Saint-Domingue est submergée par des vagues de déchets plastiques
Gepostet von BFMTV am Samstag, 21. Juli 2018
La Martinique et la Guadeloupe connaissent des problèmes environnementaux et sanitaires spécifiques avec le chlordécone, un poison qui infecte actuellement nos cours d’eau, nos terres et nos corps. Les responsables font preuve d’un cynisme cruel et d’une absence de responsabilité qui ne peut que susciter la colère des habitants, d’autant que les autorités adoptent une très efficace stratégie de l’autruche.
Certes, la suppression des pailles peut paraitre bien infime face à cette situation. Mais il s’agit au moins d’une initiative sur laquelle nous avons la main, qui contribue à l’amélioration de notre futur et à la préservation de l’environnement et sur laquelle il est possible de communiquer positivement.
La liste des acteurs qui s’engagent s’allonge
Plusieurs villes, pays, entreprises ont annoncé leur souhait de contribuer à cette initiative en interdisant et/ou en arrêtant d’utiliser des pailles en plastique. C’est le cas par exemple de Seattle, Monaco, Paris, Miami, Malibu, Hawaïi, Washington, Starbucks, Royal Caribbean, Ikea, Seaworld.
Une liste spécifique des entreprises du tourisme qui ont annoncé réduire et/ou interdire leur utilisation de pailles en plastique est d’ailleurs disponible ici : https://www.cntraveler.com/story/travel-companies-and-places-phasing-out-single-use-plastics
Des alternatives existent
Pailles en papier, en acier, en bambou, en verre : des solutions existent et sont déjà expérimentées. Bien sûr, le changement ou l’adoption de mesures différentes ne sont pas toujours aisés et j’en suis consciente. Mais la prise de conscience et la volonté de le faire sont d’ores et déjà des premiers pas.
Faites-vous connaître
Si vous êtes une entreprise en lien avec le tourisme, un artisan, organisateur d’événement, hôtelier, restaurateur et que vous n’utilisez pas de pailles en plastique ou souhaitez vous engager à ne plus le faire, VTA Magazine s’engage à vous valoriser gratuitement sur tous nos supports (site web, réseaux sociaux, newsletter). La mise en avant peut prendre la forme d’un article, d’une mention, d’une brève, d’un clin d’oeil. Notre souhait est avant tout de recenser et de saluer les initiatives en faveur de la protection de notre environnement. Si vous avez connaissance de bonnes pratiques en ce sens, contactez-nous à info @ veilletourismeantilles.com (sans les espaces).
Quant aux amateurs de sinobol, la suppression des pailles pourrait peut-être être complétée pr l’usage de timbales en carton ?
Crédit photo image principale : @ andreanne_br