Le kitesurf est le nouveau golf et les Antilles peuvent en profiter

Du vent et des conditions de mer agréables pour naviguer : c’est le cocktail idéal pour faire du kitesurf. Ce sport de glisse se popularise depuis plusieurs années et séduit de nombreux entrepreneurs. Laurent Houitte, a fondé en octobre 2014 son club, Kite & Connect. Sa valeur ajoutée ? Valoriser des destinations auprès de chefs d’entreprises et cadres supérieurs qui ont un niveau de vie assez élevé pour venir faire du kitesurf. Les Antilles sont en ligne de mire.

Qu’est-ce que le kitesurf ?
C’est un sport inventé par des Français il y a une trentaine d’années. Il est vraiment devenu populaire au début des années 2000. Au départ, les « kitesurfeurs » utilisaient un cerf-volant, mais ils préfèrent aujourd’hui se munir d’une aile. Cette dernière est raccordée à une planche (de surf ou de ski nautique). Les amateurs de kitesurf peuvent naviguer un peu partout dans le monde, dès qu’il y a de l’eau et du vent.

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Pourquoi les entrepreneurs se réunissent-ils autour de ce sport ?
Alors, il y a plusieurs raisons ! Tout d’abord, car contrairement à ce qu’il n’y parait, c’est un sport plutôt accessible. Comme il est technique et non physique, il est possible de démarrer en kitesurf à 20 ans comme à 60 ans. Il faut aussi savoir nager ! Ensuite, je dirai que c’est un sport qui prodigue des sensations fortes sans pour autant être dangereux. Il permet d’avoir des sensations que l’on retrouverait dans des sports plus extrêmes comme le sauteur à ski. La troisième raison, c’est que ce sport permet de voyager et de faire des rencontres. En fait, je me suis rendu compte en voyageant à travers le monde qu’il y avait beaucoup d’entrepreneurs qui pratiquaient le kite. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai fondé mon club d’entrepreneurs kitesurfeurs. Je pense qu’à l’instar du golf dans les années 90, le kitesurf est un bon moyen de faire du sport et rencontrer d’autres dirigeants.

Aujourd’hui le kitesurf est le nouveau golf.

Comment adhère-t-on à votre club Kite&Connect ?
En général, nous rencontrons nos futurs adhérents lors d’une des soirées que nous organisons toutes les 5 à 6 semaines, à Paris ou bien en province (Rennes, Lille, Nantes, Bordeaux, Lyon, Montpellier). Ils peuvent nous rejoindre directement au cours de cet événement. Sinon ils peuvent participer à un séminaire et la cotisation d’adhésion est incluse dans leur séjour. Je précise que les critères financiers ne sont pas un élément clé, car nous avons de jeunes entrepreneurs au sein de notre club. Pour vous donner une idée, les chefs d’entreprise payent 250 euros hors taxe par an pour adhérer chez nous. Ils ont accès à tous nos services : conseils, soirées, rencontres, séminaires, networking, etc

Organisez-vous des stages ?
Nous organisons des séminaires appelés « Kite&Camp ». Ils regroupent des chefs d’entreprise de toute la France, y compris des DOM-TOM. Nous avons des Réunionnais parmi nous, ainsi qu’un pharmacien de l’île de Saint-Martin qui a participé à deux camps. Les entrepreneurs viennent de tout horizon professionnel, ainsi que de professions libérales. Nous nous regroupons 3 à 4 fois par an lors de ces camps qui durent une semaine. La moyenne d’âge de notre club est de 40 ans. Nous allions un aspect sportif puisque nous faisons du kitesurf et un aspect business que j’appelle le beach business, c’est-à-dire du networking sur la plage. L’avantage de ce beach business c’est que les adhérents mettent de côté le costume et la cravate et se retrouvent en maillot de bain, face aux éléments. Et ils ne se cachent pas derrière les artifices ou le nom de leurs boîtes, ce qui rend les échanges beaucoup plus directs et complets. Ça permet aux participants de se connaître plus rapidement, d’avoir des discussions riches et intenses. Je tiens à préciser également qu’un quart de notre structure est composé de femmes.

Nous faisons du beach business : réunir des entrepreneurs dans un cadre propice à la déconnexion, pour échanger autour de valeurs communes, développer du réseau et enfin partager des savoir faire. Les adhérents ne se cachent pas derrière le nom de leurs boîtes, ce qui rend les échanges beaucoup plus directs.

Comment se passe l’organisation d’un séminaire ? Combien de personnes sélectionnez-vous ?
Nous sommes généralement 20 à 30 personnes d’entreprises différentes par séminaire. Le plus souvent, c’est directeur général ou le dirigeant de l’entreprise qui s’y rend. Comme je disais précédemment, il y a des professions libérales comme des médecins ou des avocats. Nous rencontrons au préalable chaque participant. Nous faisons du networking pour que les adhérents fassent connaissance. Si nous avons les mêmes valeurs et le même état d’esprit, les choses se passent naturellement et nous donnons aussi envie au maximum de gens de nous rejoindre.

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À côté des séminaires, offrez-vous d’autres prestations ?
Au cours des séminaires, il y a dans un premier temps des prestations autour du sport. Nous faisons intervenir un ou plusieurs champions du monde de kitesurf. Ainsi, les chefs d’entreprise rencontrent des personnalités susceptibles de les faire progresser et prêtes à partager leurs histoires de vie qui sont intéressantes. Nous avons un partenariat avec une société française du nom de F-One. Elle nous fournit du matériel que nous mettons à disposition des adhérents pendant leur séjour. F-One compte aussi des coureurs professionnels qui parcourent le circuit mondial et certains nous accompagnent sur les camps. Ils enseignent aux participants en fonction de leur niveau pour les faire progresser. Nous proposons aux débutants des cours individuels et privés plusieurs heures par jour. L’objectif est qu’en une semaine ils soient capables de commencer à naviguer.

Concernant la partie business, nous avons toujours un invité comme par exemple un coach de dirigeants. Lors de notre dernier camp, nous avions convié un professionnel en charge de la préparation mentale de sportifs de haut niveau. Il a notamment expliqué aux chefs d’entreprise sa manière de travailler et d’accompagner les champions aux Jeux olympiques. Tout cela permet de sortir les entrepreneurs de leur « cadre classique » et en même temps de leur offrir une valeur ajoutée. Ils progressent aussi en rencontrant des chefs d’entreprise qu’ils n’ont pas l’habitude de fréquenter. Vous savez, au départ, ils sont nombreux à culpabiliser à l’idée de partir en séminaire faire du kitesurf et laisser leurs collaborateurs. À la fin, ils se rendent compte qu’ils ont certes fait du kite, mais qu’ils se sont enrichis d’idées, de nouvelles façons de travailler, etc. Et ça leur donne peut-être envie par la suite de partager leur passion avec leurs collègues. C’est du positif. 

Quelles sont les destinations que vous privilégiez ?
Évidemment celles avec du soleil et du vent, car c’est le premier critère pour que nous puissions naviguer. Nous cherchons des lieux atypiques, un peu isolés, où nous allons pouvoir nous déconnecter complètement du quotidien et se ressourcer. Nous avons fait notre premier camp en mai 2015 à Dakhla, au sud du Maroc, à côté de la Mauritanie. Ensuite, nous avons été au nord du Brésil, à Icaraizinho. C’était vraiment exceptionnel avec toutes ces grandes plages ! Cette année, nous sommes allés à Boa Vista au Cap-Vert et en juin à Morne sur l’île Maurice. Nous réfléchissons à aller aux Antilles en 2017.

Pendant votre séjour, des sorties découvertes de la destination sont-elles organisées ?
Nous organisons des visites de lieux dans une vision plutôt entrepreneuriale. Si un entrepreneur local présent exprime le besoin d’échanger, ça peut constituer un cadre de visite. Nos séminaires ne sont pas des voyages d’agrément, ils sont professionnels. Nous sommes plutôt en terrasses en train de discuter, de présenter des cas d’entreprises ou sur l’eau. Nous avons des contacts avec la population locale, parce que nous faisons travailler les habitants, mais nous ne sommes pas dans une démarche de visite du pays qui accueille notre séminaire.

Lorsque vous arrivez avec 28 dirigeants, comme par exemple le directeur général de Chronopost et d’autres grosses boîtes, c’est de la visibilité que vous accordez notamment à l’hôtel qui nous reçoit.

Un séminaire de kitesurf aux Antilles peut-il créer des opportunités dans nos îles ?
Ça dépend. Je vous donne un exemple très concret. Nous sommes allés à l’île Maurice. Je ne pense pas que ça apporte énormément de visibilité à l’île. Le kitesurf est un sport associé aux jeunes, pas très dangereux et pas vraiment perçu comme significatif de générer du business. La valeur ajoutée de Kite & Connect, c’est qu’elle valorise la destination auprès de chefs d’entreprise et cadres supérieurs qui ont un niveau de vie assez élevé pour venir faire du kitesurf. Lorsque vous arrivez avec 28 dirigeants, comme par exemple le directeur général de Chronopost et d’autres grosses boîtes, c’est de la visibilité que vous accordez notamment à l’hôtel qui nous reçoit. Si l’île avait valorisé dans son journal local cette partie économique – ce qui n’a pas été le cas en l’occurrence – ça offrirait des débouchés, des perspectives en terme de communication. Si les dimensions d’économie et de kitesurf sont mélangées, je pense que ça peut conduire à de belles choses.

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Donc si des structures vous sollicitaient pour des partenariats, vous seriez intéressé ?
Pour l’instant, ce n’est pas encore le cas, car notre club est jeune. Nous sommes encore beaucoup dans la pédagogie, à expliquer les rudiments du kitesurf, à gommer les stéréotypes sur ce sport de glisse. Faire de très bons séminaires, des voyages et allier les deux, lorsque nous avons démarré il y a un an et demi, personne ne croyait que ce serait possible. Alors nous verrons dans le futur, les choses arriveront. Aujourd’hui, le kite n’est pas encore véritablement associé aux chefs d’entreprise et nous devons encore progresser dans notre démarche pour expliquer tout cela. Ça me rappelle une pub d’Hugo Boss dans laquelle un homme d’affaires est au cœur d’une course entre un catamaran et un kitesurf. Le kitesurf fait d’ailleurs un saut assez impressionnant. Ça montre que l’image de ce sport est en train de changer. En tout cas, dans les Antilles, il y a énormément de choses à faire, car il y a beaucoup de sports sympas. Il y a un fort potentiel pour faire du kitesurf. Je vous avoue que j’ai commencé à regarder ce qu’il serait possible de faire en Martinique.

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