Que fait une journaliste passionnée de culture qui souhaite valoriser celle-ci à travers le tourisme ? Rédiger des articles pour un magazine culturel ? Peut-être. Mais Elodie Wiltord a décidé de prendre le taureau par les cornes à sa façon.
Que signifie BeKO ?
C’est Be Karukera Konnected, contracté en BeKO (prononcez Bi-Ko), comme « Soyez connectés ». Je voulais avoir un nom qui soit incitatif. BeKO c’est une invitation à revisiter les destinations grâce à leurs richesses. C’est une application et un site web destinés aux Guadeloupéens et aux touristes pour découvrir des activités culturelles.
C’est une sorte d’annuaire ?
Non car je m’assure que toutes les personnes référencées sur BeKO proposent des prestations de qualité. Je ne peux pas me permettre de dire à un touriste de découvrir une activité en Guadeloupe et quand il se rend sur le lieu de l’événement, il découvre que le numéro n’est pas attribué ou que l’événement est annulé.
J’en ai marre d’entendre « Y a la plage, mais sinon à part ça y a rien en Guadeloupe. Surtout quand ce sont les résidents qui le disent ! Il y a plein de choses à faire.
Quels sont tes objectifs ?
Faire connaître la culture, la rendre plus accessible et qu’elle sorte de la confidentialité. Je veux casser le mythe de l’absence d’activités en Guadeloupe et donner de la visibilité à tout cet écosystème d’acteurs culturels qui existent mais sont méconnus. C’est notre capacité à faire vivre et à faire perdurer notre culture qui fera qu’on pourra se démarquer.
Pourquoi te restreindre au culturel ? C’est un risque non ?
La Guadeloupe a de belles plages, des rivières, c’est bien mais ce n’est pas différenciant par rapport aux autres îles. Il faut s’affranchir du tourisme balnéaire. En plus, il y a déjà pléthore de sites, d’interfaces qui recensent les sentiers de randonnées, les plages…
Lors des Assistes du Tourisme de 2013, l’une des pistes de réflexion était de valoriser la culture guadeloupéenne, mais je n’ai rien vu venir jusqu’à 2016. Plutôt que d’attendre, j’ai décidé d’être actrice de ce changement.
Peux-tu nous donner des exemples d’activités référencées sur BeKO?
Si vous voulez apprendre à tresser des paniers ; si vous voulez apprendre danser du gwo ka, de la salsa ou du zouk ; si vous voulez apprendre à utiliser le piment dans la confection de chocolats avec Naomi Martino, c’est chez nous !
Quel est le modèle économique que tu as choisi ?
Je vends des prestations sur le principe d’une agence de communication. Le référencement est gratuit mais dès lors que les professionnels veulent plus, c’est payant.
Je suis allée à la rencontre de plus de 85 professionnels de la culture et une vingtaine de voyagistes.
Les acteurs culturels sont souvent des associations, des TPE : es-tu sûre de répondre à leurs besoins ?
Je voulais créer un outil qui soit pertinent donc j’ai mis un point d’honneur à rester au plus près d’eux. Je suis allée les rencontrer, les écouter, j’ai pris le temps de savoir quels étaient leurs attentes car ils sont mes premiers clients. Je suis vraiment restée « collée » à eux pour comprendre comment ils se débrouillaient jusque là, comment répondre à leurs problèmes. Je fais toujours un diagnostic pour savoir ce qu’il leur manque et comment ils voient leur activité.
Tu allais donc les voir sans site ?
Au début, j’avais énormément de mal parce que mes interlocuteurs me disaient qu’ils ne voyaient pas ce que ma solution pouvait leur apporter. J’ai commencé à faire des maquettes de l’interface avec leurs produits pour qu’ils puissent réaliser la mise en valeur que cela pouvait apporter.
A qui as-tu fait appel pour créer ton entreprise ?
Démarche classique : je suis allée à la Chambre de Commerce et d’Industrie, j’ai enchaîné les formations. Mais à ce stade, je n’avais pas d’idée précise de ce que je voulais faire, je savais seulement que c’était dans le numérique. Tout s’est précisé au fur et à mesure que je montais mon dossier et que je rencontrais des acteurs.
Tu as remporté la 3ème place au concours #PitchTech de Guadeloupe Tech en juin, c’était ta première compétition ?
Non, j’ai fait partie de l’Académie Orange et Elles, j’ai fait le speed meeting du Rotaract où j’ai également fini troisième.
Qu’est-ce qui est le plus difficile pour toi ?
Aller à la rencontre des gens. J’ai du faire énormément d’efforts. Même en tant que journaliste, j’avais l’impression de me glisser dans la peau de quelqu’un d’autre pendant le temps de mon interview avec l’habit du Big Foot sur moi. Je surjouais, je n’étais pas moi-même, j’étais mal à l’aise. Un jour, on m’a conseillée de faire comme si je parlais à quelqu’un dans mon salon et ça m’a débridée. J’ai pu aller au contact des gens plus facilement en ayant en tête que je n’étais pas un imposteur, je crois vraiment en mon outil et en son potentiel, je crois qu’il peut aider les entreprises à se développer. J’ai pris les choses avec plus de recul et de philosophie.
L’entrepreneuriat c’est…
Un marathon.
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