« Si tous les hôtels endettés de Martinique devaient fermer, 70% des hôtels fermeraient »

La demande d’une aide exceptionnelle en faveur de l’hôtellerie martiniquaise a été présentée par la conseillère Marinette Torpille qui a rappelé, s’il en était besoin, le contexte historique de l’hôtellerie sur l’île : fermeture d’établissements et diminution du nombre de chambres depuis les 5 à 10 dernières années. Le dossier n’est pas nouveau puisque l’ancienne Région Martinique l’avait déjà évoqué devant les professionnels du tourisme. Pour faire face à cette situation financière, les hôteliers demandaient à la CTM de se porter caution, à hauteur de 50%, d’un prêt auprès de l’Agence Française de Développement (AFD). Ce prêt qui s’étalerait sur « une dizaine d’années » selon Karine Mousseau, présidente du Comité Martiniquais du Tourisme (CMT), servirait à éponger les dettes des établissements d’accueil pour qu’ils puissent se rénover et se moderniser.

Un passif des hôteliers lourd à épurer

Les dettes sociales et fiscales du secteur hôtelier sont « quasiment incompressibles » selon la présidente. Et pour cause, en 2012, on estimait que leur montant s’élevait « entre 25 et 35 millions d’euros » ; en 2016, la dette serait de 20 millions à 25 millions. Un fardeau bien embêtant qui prive les hôteliers des aides à l’investissement ainsi qu’aux fonds européens qui leur permettraient d’améliorer leur offre. Les subventions ne sont en effet attribuées qu’aux entreprises à jour de leurs cotisations. Les banques, frileuses, rechignent à mettre la main au portefeuille. Le recours à l’AFD, sous réserve d’approbation du Ministère des Finances et avec la garantie de la CTM, constituerait donc une solution alternative. L’idée apparaissait dans le Schéma hôtelier et para-hôtelier présenté par le cabinet KPMG pour la Martinique en 2015 qui y voyait : « un point de départ d’une stratégie de rénovation/repositionnement globale couvrant les aspects financiers mais aussi marketing, commerciaux, management…. ». 

La CTM veut encadrer le prêt

Concrètement, si le montant du prêt de l’AFD est de 20 millions d’euros, alors la CTM est garante de 10 millions. Karine Mousseau a insisté : « il ne s’agit pas d’une subvention mais d’un prêt. La grande hôtellerie et les établissements de plus petite taille sont concernés ». De plus, a-t-elle souligné « si tous les hôtels endettés de Martinique devaient fermer, 70% des hôtels fermeraient ».  Difficile de dire s’il s’agit juste d’un bon mot ou d’une réalité car les résultats des hôtels demeurent confidentiels. Cependant, Mme Mousseau a précisé que « les conditions d’octroi vont être à définir. Il y aura un suivi pour s’assurer que la structure rénove réellement et qu’elle s’engage à se maintenir dans le secteur hôtelier. Il ne faut pas qu’il y ait un effet d’aubaine pour certains » a-t-elle ajouté. Un scénario tellement vu et revu à la Martinique face auquel les garde-fous de la CTM ne sont pas superflus.

Bien qu’il soutienne le principe de cette aide exceptionnelle, David Zobda, qui fait partie de l’opposition, a soulevé plusieurs points : qui des obligations salariales des hôteliers et du fonds d’ingénierie touristique ?

A terme, selon la présidente du CMT « il faudra repenser le modèle économique pour l’hôtellerie en Martinique ».

La FEDOM s’est réjouie de cette décision par le biais d’un communiqué.